vendredi 30 mars 2007

Le printemps de l’autoroute A4

L’autoroute est vivante. Je ne parle pas des vagues boules de poils que l'on retrouve tous les kilomètres. Non. Pour celles là, on ne peut plus parler de « vivant ». Ou alors avec une loupe en se bouchant le nez.
Je ne parle pas non plus des usagers. Je crois qu’il faut dire « non » à l’acharnement thérapeutique. Quand le cerveau est mort, quand il ne reste de quelqu’un qu’une maigre manifestation corporelle, il faut débrancher.
Je pense aux formes de vie qui poussent autour. L’A4 a la chance de ce côté-là. Il y a d’abord les arbres à vent. Magnifiques, élancés, ils soufflent leur brise délicate pour chasser les nuages.
Une autre forêt se développe aussi. Tout près des arbres à vents, d’ailleurs. Ceux-là font un peu peur par contre. Gris. Décharnés. Nus.
Ils sortent de terre en file indienne. Ils sont larges et trapus, ou hauts et maigres. Ces derniers jours, ils semblent se passer le mot toute la journée. Au point qu’on arrive à suivre le fil de leur conversation tout au long du trajet.
Je me demande quel genre de fruits ils font. Je les imagine brillants, insaisissables, fugitifs. A la fois nourrissants pour nos petits compagnons électroniques et destructeurs pour les chanteurs adeptes du bain. Un remake du fruit interdit, en quelque sorte. Eve apportant la pomme électrique à Adam : « Vois mon cher, goûte le fruit de la connaissance à Très Haute Tension. » Et Adam de répondre : « Merci très chère, j’en avais besoin pour ma nouvelle invention : l’écran cathodique ».
En attendant de réfléchir plus avant sur cet épisode biblique, je me demande si notre confort mérite de laisser pousser de si vilains arbres le long de nos si vilaines autoroutes...

1 commentaire:

  1. C'est sympa que l'autoroute t'inspire... Pour l'avoir bien fréquentée, j'avoue que je m'y sens chez moi. L'A4 c'est comme un grand couloir à traverser pour voir les gens que j'aime. Une étape obligée... Et comme je suis tête en l'air comme pas possible, depuis toutes ces années... Je la redécouvre à chaque fois. Mais ce que je préfère c'est les énormes éoliennes à hauteur de Boulay (il me semble). On dirait des géants qui règnent sur les champs. J'adore... J'ai toujours envie de m'arrêter pour pouvoir les admirer. Je le ferai sans doute un jour.
    Bisous
    Clochette

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