dimanche 21 juin 2009

Ne pas oublier...

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 18 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
La liste des choses à ne pas oublier. Inclure les objets suivants: gomme, catapulte, cactus, ornithorynque.

Ne pas oublier de ranger ma gomme et mon ornithorynque en peluche,
Ne pas oublier de mettre le réveil,
Ne pas oublier d'arroser mon cactus,
Ne pas oublier d'allumer la veilleuse,
Ne pas oublier de fermer les volets,
Ne pas oublier le bol de fruits pour la fée,
Ne pas oublier de mettre la chaise devant le grand placard,
Ne pas oublier de préparer la catapulte devant le petit placard,
Ne pas oublier de regarder sous le lit,
Ne pas oublier de remonter la couverture jusque sous mon menton,
Ne pas oublier de fermer les yeux très fort,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce froid,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce bruit,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce crissement,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce feulement,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir cette odeur de faim,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce souffle brûlant,
Ne pas oublier que mes parents m'aiment,
Ne pas oublier que je vais me réveiller demain.

lundi 15 juin 2009

Les magiciens

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 15 juin 2009.

Consigne pour l'écriture :
2 magiciens, l’un possède un véritable pouvoir, l’autre est un prestidigitateur. Ils démontrent leurs talents quand leurs destins se croisent.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu de la scène, sous le feu des projecteurs.

Son costume queue de pie semble jeter des éclairs noirs à chaque mouvement. A chaque geste, l’assemblée croit voir un vol de corbeau autour de lui.

Sans un mot, un sourire énigmatique aux lèvres, il fait frémir l’assemblée en transperçant cette spectatrice d’une immense lame qui la fait hurler de douleur et s’écrouler sur la scène avant qu’elle se relève presque sans chanceler. Les yeux mi-clos, il fait se tordre cet homme bien habillé, le fait se nouer et se plier comme un vulgaire torchon avant de le renvoyer à sa place.

La magie semble durer une éternité.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu du trottoir, dans les phares d’un camion poubelle qui passe sans le voir.

Son vieux pull troué cache mal sa maigreur. Sa tignasse malodorante laisse pourtant voir son regard presque vide.

Il appelle les passants, sans succès. Personne ne s’intéresse à son unique tour. Des années de labeur, des années de sacrifices pour un pauvre artifice. Il garde pourtant tout contre lui, précieusement, un petit pot rempli de terre vierge.

Pauvre hère, il fini par ramper dans une ruelle sombre à l’arrière d’un riche théâtre. Il manque de se faire assommer quand la porte s’ouvre toute volée. Le maître magicien sort, l’air hautin. Il dévisage ce malheureux qui semble vouloir lui montrer quelque chose.

Vaguement amusé, nettement irrité, il baisse le regard vers le petit tas de terreau sur lequel se concentre le loqueteux. Au bout de quelques instants, une toute petite pâquerette fleurit sur les pavés. Elle s’étire, se dévoile et scintille presque dans la pénombre.

D’un coup de talon, l’imposteur en queue de pie disperse le petit miracle et jette : « ça marchera jamais coco, pas assez glamour ».