mercredi 28 février 2007

Route d’hiver (l'aller)

Matin. Hiver. Brume. Froid. Pas réveillé.

La voiture démarre et prend la route presque toute seule. Heureusement, car la brume envahit tout, gomme tout. A droite, à gauche, ne ressortent que les panneaux réfléchissants. Interdiction de tourner à droite. Interdiction de stationner. Vitesse limitée à 50 km/h. Sens unique. STOP. Feu rouge.

Enfin l'autoroute. Les panneaux disparaissent. Ne restent que les glissières à demi effacées. La brume est tenace. Opaque. La route s'allonge au fur et à mesure que les repères se perdent et que l'esprit se rendort, replonge dans ses propres limbes.

Etrangement, l'enfermement dans le néant fini par libérer l'esprit. Un autre univers se superpose à ma vision. Je me prends à rêver.

Devant, des lueurs se révèlent être les yeux de lucioles pachydermiques cheminant mollement. Derrières, des colonnes de scarabées hallucinés suivent le chemin lumineux laissé par leurs prédécesseurs.

Sur le côté, des silhouettes rabougries étendent leurs bras ramifiés vers un ciel qui n'existe pas.

A la faveur d'une colline, la brume prend une teinte dorée. Soudain le monde luit. Un coin de brume particulièrement lumineux suggère que le soleil n'est pas si loin. Les arbres à vent tentent de chasser la brume. Au pied de la colline, retour à la crasse grisâtre et moite pour encore quelques kilomètres.

Arrivé en haut d'une nouvelle éminence pas grise, le brouillard se déchire et révèle le ciel. Soudain le monde est bleu. L'horizon semble tenter de contenir une mer immaculée de nuages mouvants. Mon esprit vacille devant tant d'ouverture, de liberté. Que c'est loin le ciel !

Dernière plongée sous le ciel. Retour en ville et aux interdits, aux obligations. Aux piétons. Enfin la destination. Arrêt du moteur. J'ouvre la porte, presque en poussant la brume. Qu'est-ce qui m'attend sur ce chemin qui reste à pied ?

dimanche 11 février 2007

Définition : Calindrier

Calindrier (n m) :
Système de repérage des sens en fonction des envies. Aucune subdivision logique n'est acceptable, quoiqu'il arrive d'observer une périodicité lunatique.

A la différence de son homologue date-à-date, le plaisir de la planification dans le calindrier ne réside pas dans le soulagement de la pression. Au contraire d'un rendez-vous chez le dentiste ou d'une réunion de direction, fixer une date dans son calindrier revient à souhaiter anticiper l'approche du moment (et de la personne concernée). Approche que l'on s'empressera d'accélérer sans brusquerie dès que la distance spatio-temporelle sera proche de celle d’une épaisseur de tissu.

Pour une bonne hygiène de vie, il est recommandé de soigner son calindrier en se réservant quelques surprises. Il est important de pouvoir accueillir l'être aimé à draps ouverts et de l'y attirer doucement comme tout bon aimant qui se respecte.

Exemple :
« Le bonheur, c’est un calindrier délicatement rempli ».



Inspiré par Floctopus...

jeudi 8 février 2007

Meurtre en USB, ou L’hygiène du blogger

Ca ne pouvait plus durer. Les voix avaient beau me dire que toute forme de vie a le droit d’exister, que je ne suis pas LE Dieu, je n’y tenais plus. Il a fallut que je cède. Et pourtant je ne suis pas un maniaque...
Tout avait commencé par un beau matin. Un début de fin de semaine, pour être précis. Le soleil d’hiver répandait une superbe lumière dorée dans la pièce. Je m’étais assis, pas encore réveillé, devant mon écran. Mon petit tour matinal du cyber-monde se profilait à l’horizon. C’est à ce moment que la sensation a commencé.
D’abord diffuse. Insidieuse. Désagréable.
Puis de plus en plus précise à mesure que j’en cherchais la cause.
Enfin la vérité apparu. Toute nue. Il ne restait plus qu’à la saisir, à l’attraper. Et à l’utiliser comme une énorme massue pour écraser le problème. Le réduire en poussière.
Et plus mon esprit vacillait à force de contempler les causes, plus le plan se précisait. Un génocide. Total et implacable. La fin de cette forme vie qui ne mérite que dégoût et douleurs sans discussion.
Vous me direz (et certaines voix étaient d’accord) que toute vie a droit, justement, à la vie. Non. Pas quand c’est moi qui décide. Je décide qui doit vivre ou mourir. Ce sera donc le meurtre.
Direction la cuisine pour prendre les armes. Choisir l’efficacité et la discrétion.
Le combat fut intense mais la résistance vaine. Rien ne résiste à ce genre d’envie d’extermination.
A la fin, je contemplais, satisfait, le champ de bataille. Mon clavier était propre.