jeudi 3 décembre 2009

D’autres choses qui tournent

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 novembre 2009.

Consigne pour l'écriture :
Faire un inventaire de choses qui tournent en donnant un rapide contexte.


Un petit mobile en bois avec une hélice sous laquelle brûlent trois bougies rouges. La chaleur qui monte entraine les pales dans un léger grincement.

Une petite balle mauve qui tourne et roule, essayant d’échapper à deux billes dorées : au ras du sol, tendu comme un arc, le fauve d’appartement s’apprête à bondir.

L’amoureux tourne en rond, au même rythme que les aiguilles de l’horloge qui trainent leur ennui.
La clé puis la poignée tournent pour mettre fin au manque.

Les têtes tournent, attachées l’une à l’autre par un baiser aussi fou que doux.

Mais l’heure tourne aussi, il est trop tôt temps de s’en retourner.

mercredi 2 décembre 2009

Quelque chose qui tourne

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 novembre 2009.

Consigne pour l'écriture :
A partir d'une phrase écrite par un autre participant (en italique ci-dessous), imaginer que l'évènement produit un bouleversement dans le monde entier.


Le linge tourne dans la machine à laver. Tiens, une chaussette. D’un froncement de sourcil inquiet, l’huissier signifie qu’il l’a bien vue.

Le programme de lavage se termine à peine, l’homme se précipite pour ouvrir la machine alors que la foule retient son souffle. Fébrilement, il sort le linge et le place avec précision sur le fil de l’étendage. Tout est fini en quelques instants. Il tourne son regard fébrile vers la juge de ligne qui, sévère, étudie le résultat.

Elle examine chaque vêtement, détaille l’aspect et l’accrochage. Lentement, son visage s’éclaire et, d’un signe de tête, signifie son approbation.

Le monde semble entrer en éruption sous les cris de joie ! Rien ne sera plus jamais comme avant... Ca y est, un homme a réussi à laver son linge tout seul.

mercredi 29 juillet 2009

Quand viennent les musiciens

Texte écrit pendant l'Auberge Espagnole du 12/7/09 à la Maison Rabelais de Metz.

Consigne pour l'écriture :
Tout est dans le titre...

« Ils arrivent ! Ils arrivent ! »

Le petit garçon dévale la rue grise et bruyante précédé de sa voix aigrelette.

« Ils arrivent ! »

Lentement, les gens sortent de chez eux, de leurs échoppes noyées de bruit. Lentement, leurs visages s’éclairent. Une vielle dame se hâte autant qu’elle peut, s’appuyant sur sa canne grinçante. Sa voix rouillée reprend l’appel du garçon, tentant de couvrir le vacarme habituel :

« Ils arrivent ! Ils arrivent ! »

Lentement, le tintamarre de la ville s’estompe. Les moteurs rageurs se taisent. Dans mille claquements dissonants, les outils sont jetés sur les établis. Bientôt tous sont dans la rue pour accueillir les musiciens. Le silence semble approcher physiquement.

Ils entrent sur la place en file indienne. Leur visage radieux précède les instruments qu’ils portent sur le dos. En quelques instants, comme un ensemble, ils sont prêts, instruments au bras.

L’un d’eux dépose une petite boîte noire sur le sol. Il l’ouvre avec précaution et en sort un tout petit diapason argenté. La foule retient son souffle et le silence devient palpable.
D’une pichenette, l’homme fait sonner son instrument. La seconde qui suit s’empli de musiques. Une pour chacun et pourtant la même pour tous, harmonieuse et apaisante. Le jour se fait dans les yeux, les nuages se dissipent dans les esprits.

Au bout d’un moment qui parait à tous bien trop court, la musique s’éteint. Les musiciens rangent leurs instruments et, en file indienne, quittent la ville dans un silence doux.

Chacun retourne à son échoppe ou à son banc, emportant quelques notes avec lui. Les outils reprennent leur ballet, cette fois accordés. Les moteurs ronronnent. La ville toute entière chante, au moins pour quelques temps. Quand ce sera de nouveau l’heure, les musiciens reviendront.

dimanche 21 juin 2009

Ne pas oublier...

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 18 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
La liste des choses à ne pas oublier. Inclure les objets suivants: gomme, catapulte, cactus, ornithorynque.

Ne pas oublier de ranger ma gomme et mon ornithorynque en peluche,
Ne pas oublier de mettre le réveil,
Ne pas oublier d'arroser mon cactus,
Ne pas oublier d'allumer la veilleuse,
Ne pas oublier de fermer les volets,
Ne pas oublier le bol de fruits pour la fée,
Ne pas oublier de mettre la chaise devant le grand placard,
Ne pas oublier de préparer la catapulte devant le petit placard,
Ne pas oublier de regarder sous le lit,
Ne pas oublier de remonter la couverture jusque sous mon menton,
Ne pas oublier de fermer les yeux très fort,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce froid,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce bruit,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce crissement,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce feulement,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir cette odeur de faim,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce souffle brûlant,
Ne pas oublier que mes parents m'aiment,
Ne pas oublier que je vais me réveiller demain.

lundi 15 juin 2009

Les magiciens

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 15 juin 2009.

Consigne pour l'écriture :
2 magiciens, l’un possède un véritable pouvoir, l’autre est un prestidigitateur. Ils démontrent leurs talents quand leurs destins se croisent.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu de la scène, sous le feu des projecteurs.

Son costume queue de pie semble jeter des éclairs noirs à chaque mouvement. A chaque geste, l’assemblée croit voir un vol de corbeau autour de lui.

Sans un mot, un sourire énigmatique aux lèvres, il fait frémir l’assemblée en transperçant cette spectatrice d’une immense lame qui la fait hurler de douleur et s’écrouler sur la scène avant qu’elle se relève presque sans chanceler. Les yeux mi-clos, il fait se tordre cet homme bien habillé, le fait se nouer et se plier comme un vulgaire torchon avant de le renvoyer à sa place.

La magie semble durer une éternité.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu du trottoir, dans les phares d’un camion poubelle qui passe sans le voir.

Son vieux pull troué cache mal sa maigreur. Sa tignasse malodorante laisse pourtant voir son regard presque vide.

Il appelle les passants, sans succès. Personne ne s’intéresse à son unique tour. Des années de labeur, des années de sacrifices pour un pauvre artifice. Il garde pourtant tout contre lui, précieusement, un petit pot rempli de terre vierge.

Pauvre hère, il fini par ramper dans une ruelle sombre à l’arrière d’un riche théâtre. Il manque de se faire assommer quand la porte s’ouvre toute volée. Le maître magicien sort, l’air hautin. Il dévisage ce malheureux qui semble vouloir lui montrer quelque chose.

Vaguement amusé, nettement irrité, il baisse le regard vers le petit tas de terreau sur lequel se concentre le loqueteux. Au bout de quelques instants, une toute petite pâquerette fleurit sur les pavés. Elle s’étire, se dévoile et scintille presque dans la pénombre.

D’un coup de talon, l’imposteur en queue de pie disperse le petit miracle et jette : « ça marchera jamais coco, pas assez glamour ».

lundi 4 mai 2009

Tout ce qu'on peut faire en 30 minutes

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 4 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
Tout est dans le titre...

Que faire en une demie heure ?
S'efforcer de ne rien faire.
Faire l'effort de ne pas compter le temps, ce serait trop facile.
Juste contempler le silence et admirer le vide.
Se faire violence pour ne pas se combler de souvenirs.
S'accorder la douceur d'être sans repère, sans point d'attache.
Être simplement une âme sans cible errant le long du temps.
Une demie heure pour pleinement vivre le reste d'une vie.

De quand... la musique

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 4 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
Sur le modèle « les chaussures de quand il fait froid », élaborer un contexte.

La musique de quand je veux voler, c’est Ella, Jimi ou Jacques. Avec ou sans décibels, j’aime ces moments beaux, ces sons-sations, cette impression de perdre pied. Décollage immédiat de la crasse qui alourdit le cœur, allumage des feux de liesse au fond des yeux, navigation à vue de partition

« Ô capitaine mon capitaine, où volons-nous ? »
Qu’importe ! On verra au prochain couplet, au prochain morceau. Qui sait, on volera peut-être jusqu’à la Lune si c’est la musique de quand je serai amoureux...

lundi 20 avril 2009

Peccadilles importunes (d’après Erik Satie)

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 20 avril 2009.

Consigne pour l'écriture :
D’après les titres de 3 morceaux d’Erik Satie, raconter les grandes lignes d’un film ou d’un roman à la façon d’un synopsis.

Satire sociale et éducative en trois actes et métamorphose

ACTE I : Être jaloux de son camarade qui a une grosse tête

Où l’on voit que les enfants sont bien cruels entre eux et qu’ils se moquent de leurs camarades non méthanocéphales. D’où une jalousie maladive chez les microcéphales, une propension à la mégalomanie et de bonnes notes en classe d’éducation politique.

ACTE II : Lui manger sa tartine

Où l’on voit que même dans une civilisation avancée comme la nôtre, c’est toujours la lutte pour la survie et la tartine de 4H. Cet acte introduit également des notions de statistiques schöderiennes sur les tartines fixées au dos des poissons-chats.

ACTE III : Profiter de ce qu’il a des cors aux pieds pour lui voler son cerveau

Où l’on voit que l’on n'a jamais assez de deux cerveaux et que le manque d’hygiène pédieuse peut avoir de graves conséquences, surtout lorsqu’on a six pieds.

ACTE FINAL : Métamorphose

Où l’on voit qu’une vilaine larve peut devenir un magnifique insectoïde adulte pourvu qu’il ait reçu éducation, tartines beurrées et ambition démesurée.



Note : l'un de mes premiers essais dans le surréalisme, légèrement raté :( Promis je ferai mieux la prochaine fois !

jeudi 16 avril 2009

Le testament du sorcier

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
Le sorcier sans âge va mourir. Il rédige son testament, tout ce qu’il écrit va se réaliser.

A celui qui lira ces mots, je lègue la charge d’oiseau de malheur. Que ta voix soit forte et qu’à jamais tu ne puisses plus annoncer que des nouvelles de terreur.

Sur les enfants d’Edison je jette le froid et l’obscurité qu’ils ont voulu battre avec leur électricité.

Sur les fils et les filles de Ford je lance l’incertitude et la cécité, que plus jamais d’industrie vous n’ayez l’idée.

Je condamne la descendance de Darwin à la superstition et à l’ignorance de ce qui a été, que s’efface à jamais leur théorie de l’évolutivité.

Sur JK Rowling je jette pustules, laideurs et horreurs pour avoir trop vendu ce simulacre, ce trop séduisant sorcier sucré.

Et vous, parents, je vous condamne à ne plus supporter votre télé, vous qui ne contez plus mon histoire et qui m’avez oublié...

Note de l'auteur : faut-il que je précise à quel point les mots qui précèdent sont à prendre au 2è degré au dessus de la température d'ébullition de vos humeurs ?

mardi 14 avril 2009

Un conte inachevé : Marie et sa giraffe

Texte issu d'un atelier d’écriture sauvage, le 11 avril 2009.

Consigne pour l'écriture :
3 étapes de construction progressive, no limit.


Etape 1 : 1 phrase (qui quoi où et quand)

Marie peigne sa girafe au fond du jardin, tous les soirs.


Etape 2 : étayer

Marie adore les animaux depuis qu’elle est toute petite. Ses parents sourient quand elle dit, droite dans sa petite robe de gamine, qu’elle sera vétérinaire quand elle sera grande. Son père voudrait qu’elle ait un vrai métier comme banquière ou Présidente de la République. Sa mère la comprend. Et puis elle s’occupe déjà si bien de la tourterelle et de la giraffe. Oui c’est une giraffe à 2 F. La tourterelle a bien 2 L, elle.

Marie peigne sa giraffe tous les jours après le dîner. Comme la seconde est trop grande pour entrer dans la chambre de la première, elle a eu droit à une grande cabane dans le jardin. Une belle cabane en bois construite par son père.


Etape 3 : introduire un « soudain »

Mais même en bois exotique, une cabane au fond du jardin reste une cage au fond du couloir. La giraffe de Marie se languissait, surtout la nuit. Elle rêvait de grands espaces, surtout depuis que sa maîtresse lui avait montré ce documentaire sur Mars. Elle se voyait bien astronaute.

Elle entrepris donc, un soir, de convaincre Marie de partir vers de nouveaux horizons, vers une nouvelle frontière loin au dessus d’elles.

Marie fut ravie, et tout en préparant son sac de voyage stellaire, elle se disait que finalement il y aurait bien des animaux à soigner là haut. Même s’ils étaient verts avec des tentacules.

Toutes deux partirent donc vers la Guyane. Vous raconter leur voyage serait bien long, même si vous auriez adoré le passage où elles traversent l’océan allongées sur un lit de plancton.

Les voilà donc à Kourou devant la grille de la seule agence de voyage spatial ouverte le weekend. « Impossible de passer » leur dit-on, « on n’a jamais vu une girafe dans une fusée, même bien peignée ». Elles eurent beau tempêter, rien n’y fit.

Dépitées, elles repartirent vers la forêt pour passer la nuit à la belle étoile. Alors qu’elle rêvait tout en contemplant la lune, la giraffe de Marie eut une illumination : puisque les Hommes ne voulaient pas d’une giraffe bien peignée ni de la petite fille qui l’accompagnait, elles allaient se passer d’eux.

La giraffe réveilla Marie et la fit grimper sur son dos. Etendant son cou jusqu’à la Lune, elle l’attira plus près jusqu’à ce que, d’un bond, toutes deux se retrouvent sur la surface grise de la Lune.
Je vous raconterai la suite une prochaine fois, il faut d’abord que je finisse de réinventer le petit garçon et l’aviateur que Marie et sa giraffe vont croiser...

mardi 7 avril 2009

L'ordinateur exhumé

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
Exhumé, l’ordinateur donne le témoignage d’un passé lointain.


30 mars 2172, 8h47
(Hum hum) Notes de recherches. Fichier vocal numéro T9. Ah, note pour plus tard, commander la recharge de plasma pour les fenêtres-paysage.

(Hem) Je viens de recevoir une nouvelle livraison d’antiquités. Ca a été déterré dans ce qui devait être un centre urbain avant le Plan d’Aménagement Diffus du Territoire.
Des paquets de cellulose en planche, mais qu’est-ce qu’ils pouvaient bien en faire ? Aucun intérêt.

Tiens, cette fois le détecteur détecte, ça change. Je vais voir ce que c’est.

10h12
C’est fou, c’est une machine ! Au début je ne l’avais pas reconnue sous la coque en métal, même pas d’alliage de carbone ! J’ai réussi à l’alimenter, on va voir si j’en tire quelque chose.

14h20
Pas simple, mais j’ai réussi à trouver et décoder les signaux vidéo. C’est d’un primitif, c’est fou. J’espère que je vais en tirer quelque chose.

31 mars, 5h45
J’ai passé la nuit dessus, impossible de dormir après une trouvaille pareille. Un ordinateur en état de marche !

J’ai mis du temps à m’y retrouver, mais je me suis rappelé les films historiques de la maternelle et leurs histoires d’icônes, de souris et de fichiers. Fou je vous dis. J’ai commencé à lire tout ce que j’ai pu trouver, c’est un foutoir sans nom. Classement unidimensionnel, pas d’input synesthésique, que de l’image.

33 mars, 16h17
C’est marrant, le propriétaire devait être ordinateurologue et écrire des notices, il n’y a que ça dans cette machine. Tiens, un dossier qui s’appelle Documents.

12 mai, 14h06
Bon, j’ai trouvé du croustillant. Des messages électroniques du genre interdit. Le type parlait de rencontrer une fille, même de la toucher. Incroyable. Je continue à chercher.

22 mai, 9h08
Saint Steve, j’ai trouvé des photos. Ce type avait des enfants. Et le plus fou : c’étaient des naturels. Personne ne voudra me croire, il faut que je leur montre la vidéo. J’espère que le Réseau la laissera passer.

9h10
Bizarre, plus de connexion au Réseau. Plus rien ne marche, même le système pneumatique de livraison et l’éclairage pseudo-solaire déconnent. Tiens, c’est quoi cette odeur bizarre ? J’ai sommeil d’un coup. Tellement sommeil...

(fin de l’enregistrement)

mercredi 1 avril 2009

Mais la nuit, c’est une autre histoire

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
Un lieu, il se passe quelque chose. Mais la nuit, c’est une autre histoire

Martin habite l’un de ces pavillons de banlieue où toutes mes maisons se ressemblent : une barrière blanche, une grosse voiture et un gros chien.

Martin rentre chez lui ce 17 mai, un jour comme les autres. Il rentre d’un boulot qui aujourd’hui a dépassé toutes les normes de la banalité. Vous ne le verriez pas sauter à l’élastique, voler des bouteilles au fond de la mer ou changer de tête comme ça, à la fin de la saison.

Mais cette nuit-là, c’est une autre histoire...

Cette nuit-là il se transporte ailleurs, bien loin de tout ça. Il le cache à sa femme bien sûr. Elle ne comprendrait pas.

Alors il s’invente des voyages entre les montagnes. Il s’invente des traversées aux mille dangers, des cargaisons explosives, des passagers espions ou aventuriers. Avec du balsa et de la mousse, il invente des gares aux noms impossibles le long des voies en aluminium. Avec ses locomotives et ses wagons, il s’aventure sur la plaine de son grenier. Il s’invente des rêves aussi grands que ses maquettes sont petites.

La nuit il ment il prend des trains à travers la plaine...

mardi 24 mars 2009

Ornières, d'après Arthur Rimbaud

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 23 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
S'inspirer du poème Ornières de Rimbaud et décrire un lieu, un cortège.


A droite, les soleils se lèvent et brûlent le désert rouge. A Gauche, le bord vitrifié du cratère s’illumine et surligne le bandeau sombre et lisse de la route.

Tintamarre de cauchemar, défilé mécanique ! Luisants ou mats, à roue, pattes ou chenilles, les machines avancent en cliquetant un air guilleret. Le long cortège de formes humanoïdes, arachnoïdes ou patatoïdes accompagne bruyamment une boîte de bois. Petite et plate, elle renferme quelques paquets de carbone, hydrogène, oxygène et divers sels minéraux. Les pauvres restes du dernier représentant de ceux qui se croyaient l’espèce dominante ici-bas.

dimanche 22 mars 2009

L'immeuble fou (tous les étages)

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 9 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
Un immeuble fou, idéal. Chaque étage est occupé (ou pas) et une plaque décrit les occupants à la sortie de l’ascenseur














9(terrasse)
Sunny Days INC
8Association Pyrokinésique Féministe
Entreprise Générale des Fabricants Masculins d’Allumettes
Infirmerie
7EOLE – Association pour la Plantation des Arbres à Vent
Comité National des Brasseurs d’Air Chaud
6Syndicat Régional des Commentateurs de Météo
5Association pour la Sauvegarde des Baleines de Parapluie
Comité Natif Américain des Faiseurs de Pluie
4Institution Nationale de l’Eau Potable Traitée Electriquement
Association des Buveurs d’Eau Anonymes
Comité Mondial des Alcooliques Synonymes
3POSEIDON SA
Les Remplisseurs d’Océans Réunis
Long River INC
Comité National des Castors Constructeurs
2MacADAM Pro Builders
Association des Traceurs de Routes
Contre Association des Rêveurs de Chemins d’Ecoliers
1Rockies Global Corp
Mountain High Ltd
Sandy Beaches Inc
Shoe Pebble Ltd
Ricochet Productions
RDCAccueil
Bureau des Vous Êtes Ici

dimanche 15 mars 2009

Un nouvel atelier d'écriture à Metz : La Houlette

Un nouvel atelier d'écriture est en train de naître à Metz, sous la houlette de Sébastien. Comme il l’écrit si bien lui même :

« La houlette c'est l'endroit de l'écriture imaginaire
où l'on aborde les pays du poème et de la prose
et de tout ce qui se trouve - à l'envie - entre les deux »

Sans prétention, sans préjugé, sans élitisme, cet atelier rassemble avant tout des envies d’écriture, qu’elles soient de prose ou de rimes. On y rit (souvent), on y est étonné (toujours), on y frissonne (parfois). Chacun y est pertinent, chacun apporte son grain de sel.

Que ce soit en jouant dans les contraintes (de forme, par exemple), en suivant le fil d’un thème ou en rêvant complètement, l’écriture y est libre, juste stimulée par notre maître de cérémonie. Il ne se pose pas en tyran, rassurez-vous. D’ailleurs il réfuterait sans doute le terme de maître ;)

Envie d’un exemple ? Suivez le tag « La Houlette » sur mon blog.

Envie d’en savoir plus ? Un groupe FaceBook est dédié à l’atelier, des infos y seront rapidement publiées. En attendant, voici quelques détails :

Où : MJC de Metz Borny – 10 rue du Bon Pasteur (2è étage) - voir sur une carte
Quand : les lundis à 19h30 (hors vacances scolaires)

Venez goûter, le premier jet est offert. Ensuite la MJC aura besoin de votre participation pour faire vivre ses animations.

A bientôt le plaisir de vous y croiser !

mercredi 11 mars 2009

L'immeuble fou

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 9 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
Un immeuble fou, idéal. Chaque étage est occupé (ou pas) et une plaque décrit les occupants à la sortie de l’ascenseur. Parmi les étages :
"6e : Zone d’errance temporaire
Club privé : Là où les dupes errent"


Ecrire le script d’une vidéo qui présente les occupants.


(Voix suave d’ascenseur)

Sixième étage, zone d’errance temporaire. Venez perdre vos 6 sens au sixième étage. A l’entrée une hôtesse vous libèrera de vos GPS, boussoles, cartes routières et cartes de crédits superflus. Découvrez ensuite notre labyrinthe (garanti sans Minotaure) pour y perdre vos pas.

Enchainez avec le dernier Schopenhauer pour y perdre votre latin. Nous vous proposons ensuite une séance de TV privatisée afin de perdre votre sens critique. Enfin, perdez foi en l’humanité devant notre mur des statistiques sur l’économie ultra libérale.

Si vous faites partie de notre club ultra VIP, nous aurons le plaisir de vous accueillir dans le salon "là où les dupes errent". Nos conseillers vous y apporteront le sens de la vie, le prochain tirage du loto et votre femme même si elle est partie il y a moins de 24H chrono.

A la fin de votre visite, n’oubliez pas de reprendre vos illusions si vous les avez perdues, un autre errant pourrait être blessé. Attention, l’usage de petits cailloux et de miettes de pain est strictement interdit pendant votre errance.

lundi 2 mars 2009

Un personnage particulier

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 2 mars 2009.

Consigne pour l'écriture :
un personnage particulier a une vie assoupie. Soudain, il est pris de houletage. Il va réaliser quelque chose avec un outil, sur une surface verticale.
Le personnage : Un homme avec une verrue, un poireau sur le nez. Il est soporifique, incroyablement chiant.


Jean-Louis était laid. Pas seulement à cause du potager qu’il avait sur le nez (oui, à ce niveau là on ne parle plus de verrues mais de vrais poireaux), mais aussi parce qu’il était pénible. Fatigué autant que fatiguant. Dans une autre histoire, il aurait pu être un super héros chiantissime.

Un jour, même son chien s’enfuit de chez lui. C’en fut trop. Pris d’une rage inextinguible, d’un houletage irréfragable et d’un vocabulaire imbouffable, il prit son pied de biche à deux mains (oui, il n’avait pas de courage) et s’en fut briser tous les miroirs. Puisque même ces objets le montraient laid, il allait leur casser la figure, tout simplement. Et celle de quelques passants, si d’aventure ils se mettaient sur son chemin.

Quand il eut fait le tour de la ville, il arriva près du plan d’eau. Devant son reflet encore plus laid à cause de l’effort, sa rage re-explosa. Il frappa l’eau de toutes ses forces. Et encore. Et encore. A chaque fois, son reflet se reformait. Au centième coup, il tomba dans l’eau. Alourdi par son poireau (et son pied de biche), il se noya en un instant. L’eau se referma sur lui, et il ne manqua à personne.

dimanche 22 février 2009

Couplet du jour : Summertime


...One of these mornings
You’re goin’ to rise up singing
Then you’ll spread your wings
And you’ll take to the sky...

Gershwin - Ella Fitzerald - Summertime

A écouter là : http://www.deezer.com/music/result/summertime

Sans oublier les versions de Billie Holiday et de Janis Joplin.

Indications thérapeutique :
Manques de chaleur ou de douceur. Oreilles agressées.

Posologie et mode d’administration :
Prise auditive à renouveler autant que nécessaire.

Effets secondaires notoires :
Dépendance rapide. Envie de voyage à la Nouvelle Orléans.

dimanche 1 février 2009

Le Devin

Texte issu de l’atelier d’écriture du Plume Vache (là aussi),
le 14 janvier 2009.

Consigne pour l'écriture :
Un personnage devient quelqu’un, avec état d’âme, une anectode. Puis une autre personne. A la fin, "je suis devin".


Je devins sans naître, un jour comme ça. Il faisait froid.

Alors je suis devenu pompier. J’ai peur, car l’immeuble là devant crame aussi vite que le salaire de mon voisin qui est ouvrier.

Je devins boulanger. Je me rappelle le jour où j’ai cuit 300 pains, un record. Mais je déteste me lever tôt.

Je devins boxeur. Une droite, une gauche. ‘Bouge bien l’enfoiré. L’combat d’ma vie : Mohammed Ali en 5 rounds. Aller, mange-toi c’ui là ! Ouch, 36 chandelles...

Je devins marin des étoiles. C’était il y a longtemps, à l’époque où il fallait encore 6 mois pour traverser la galaxie. Imagine-toi gamin qu’il fallait sortir hisser les voiles solaires ! On n’avait pas ces machins de feignants qui font tout tout seul et qui ne vous laissent pas le temps de regarder les étoiles en buvant un bon rhum.

Je deviens papa. Petit à petit, il ou elle fait son chemin en moi. Sa mère est déjà bien enracinée, mais elle te fera toute la place qu’il faut. On s’occupera de toi, on t’aimera. Qui que tu sois.

J’étais devin. Ou de lit, mon cœur, je te cherchais par tous les temps. Il faut croire que tu me cherchais aussi, mais ailleurs, donc on s’est manqués...


PS: ce billet n'est pas autobiographique du tout ;)

mercredi 21 janvier 2009

Le visage

Texte issu de l’atelier d’écriture du Plume Vache (là aussi),
le 21 janvier 2009.

Consigne pour l'écriture :
Sur le visage il y a... le nez, la bouche, les yeux, etc. Chacun de ces éléments a quelque chose à dire... ou pas !


"Ho les lèvres, laissez-moi sortir ! Wohooo ! Aller ! Je sais que le dessert est pas loin ! Ouvrez-moi, le nez a cafté !

Il dit que ça sent le chocolat à 10 km à la ronde. Et les yeux ont dit qu’ils n’ont jamais vu une glace aussi grosse. Pis les joues ont l’air d’avoir bien chaud, là c’est le bon moment pour une bonne glace ! Allez quoi !

Bon les oreilles, en attendant vous faites le guet, hein. Pas de blagues. Je-veux-ma-glace. Et je veux pas l’savoir cette histoire de tamtam.

Bon les lèvres, vous allez lui fiche la paix à cette fille oui ou non ?"

mercredi 14 janvier 2009

La vie d’un objet

Texte issu de l’atelier d’écriture du Plume Vache (là aussi),
le 14 janvier 2009.

Consigne pour l'écriture :
Un objet est vivant, personnifié ou possédé.


Je ne suis pas comme vous.
Pas le pavé de votre route.
Pas la brique de votre palais.
Pas le bloc sculpté de votre cathédrale.
Encore moins la pierre de votre fronde.

Je suis le caillou dans votre chaussure, celui qui vous fait tomber à genoux.
Je suis le grain de sable dans l’engrenage de votre vie, celui qui vous fait manquer le train.
Je suis la poussière dans l’œil de votre voisin, celle qui vous fait manquer la poutre dans le vôtre.

Je suis là depuis mille ans ou plus, je n’ai pas d’âme. Je suis sec, froid et sans souvenirs.
Implacablement voué à rouler sans amasser. Implacablement voué à me venger de vos vies de chair molle, vous qui nous piétinez, pulvérisez, entassez pour servir les dessins de vos brefs destins.

Je vous hais de tous mes minéraux mais, non, écoutez moi jusqu’à la fin ! Non ! Je.......... ne....... suis..... pas... Le galet que vous croyez !

lundi 12 janvier 2009

Résolutions

Texte issu de l’atelier d’écriture du Plume Vache (là aussi), le 7 janvier 2009.
Consigne :
3 résolutions de début d’année. Expliquer ce qui amène le personnage à les respecter ou pas.

1er janvier 2009
Ca y est. Je les ai mes Résolutions ! Je ne les écrits pas, ça porte malheur.

2 janvier 2009

Flute, je m’étais promis de ne plus être superstitieux, c’est raté. Je vais essayer de conjurer le mauvais sort en achetant un chat noir dès demain.

2 mars

Reflute. Où est encore passé le chat ? La première fois que je le laisse sortir, il disparaît pendant 2 mois. Je suis inquiet.
Cela dit, il est légèrement gras donc il devrait pouvoir tenir un moment.

1er avril
J’ai retrouvé le chat ! Un vrai coup de chance. J’avais fait tomber mes chaussures derrière l’évier, impossible de les récupérer. J’ai fait venir le plombier que j’aime bien pour le démonter et il a récupéré les chaussures et retrouvé le chat en prime. Tiens, il a oublié la facture.

2 avril
J’ai pu respecter ma 2è résolution ! Je suis allé l’air de rien voir ce plombier que j’aime bien pour le payer. J’avais bien calculé : il n’était pas là. Sa fille était seule à préparer les tubes en plastique qu’il découpe avant de les installer dans les éviers de ses clients. J’ai toujours rêvé de séduire la fille du coupeur de joints.

2 juin
Un vrai rêve cette fille, je n’atterris pas. Même ce gros flemmard de chat n’arrive pas à avoir l’air aussi heureux quand il dort après s’être ouvert une boîte de thon au dauphin (ça donne un petit goût de poulet). Je ne vois pas le temps passer, j’oublie même d’aller au boulot. Faut dire que glacier c’est répétitif : « 1 vanille et 1 chocolat, c’est ça ? Ah non m’sieur, pas plus de place dans le cornet ! ».

1er janvier 2010
Je crois que j’ai oublié mon autre résolution. Une histoire de chiffres je crois. Peut importe, après tout on n’a qu’1 vie et 2 mains pour la saisir, non ?