jeudi 3 décembre 2009

D’autres choses qui tournent

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 novembre 2009.

Consigne pour l'écriture :
Faire un inventaire de choses qui tournent en donnant un rapide contexte.


Un petit mobile en bois avec une hélice sous laquelle brûlent trois bougies rouges. La chaleur qui monte entraine les pales dans un léger grincement.

Une petite balle mauve qui tourne et roule, essayant d’échapper à deux billes dorées : au ras du sol, tendu comme un arc, le fauve d’appartement s’apprête à bondir.

L’amoureux tourne en rond, au même rythme que les aiguilles de l’horloge qui trainent leur ennui.
La clé puis la poignée tournent pour mettre fin au manque.

Les têtes tournent, attachées l’une à l’autre par un baiser aussi fou que doux.

Mais l’heure tourne aussi, il est trop tôt temps de s’en retourner.

mercredi 2 décembre 2009

Quelque chose qui tourne

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 30 novembre 2009.

Consigne pour l'écriture :
A partir d'une phrase écrite par un autre participant (en italique ci-dessous), imaginer que l'évènement produit un bouleversement dans le monde entier.


Le linge tourne dans la machine à laver. Tiens, une chaussette. D’un froncement de sourcil inquiet, l’huissier signifie qu’il l’a bien vue.

Le programme de lavage se termine à peine, l’homme se précipite pour ouvrir la machine alors que la foule retient son souffle. Fébrilement, il sort le linge et le place avec précision sur le fil de l’étendage. Tout est fini en quelques instants. Il tourne son regard fébrile vers la juge de ligne qui, sévère, étudie le résultat.

Elle examine chaque vêtement, détaille l’aspect et l’accrochage. Lentement, son visage s’éclaire et, d’un signe de tête, signifie son approbation.

Le monde semble entrer en éruption sous les cris de joie ! Rien ne sera plus jamais comme avant... Ca y est, un homme a réussi à laver son linge tout seul.

mercredi 29 juillet 2009

Quand viennent les musiciens

Texte écrit pendant l'Auberge Espagnole du 12/7/09 à la Maison Rabelais de Metz.

Consigne pour l'écriture :
Tout est dans le titre...

« Ils arrivent ! Ils arrivent ! »

Le petit garçon dévale la rue grise et bruyante précédé de sa voix aigrelette.

« Ils arrivent ! »

Lentement, les gens sortent de chez eux, de leurs échoppes noyées de bruit. Lentement, leurs visages s’éclairent. Une vielle dame se hâte autant qu’elle peut, s’appuyant sur sa canne grinçante. Sa voix rouillée reprend l’appel du garçon, tentant de couvrir le vacarme habituel :

« Ils arrivent ! Ils arrivent ! »

Lentement, le tintamarre de la ville s’estompe. Les moteurs rageurs se taisent. Dans mille claquements dissonants, les outils sont jetés sur les établis. Bientôt tous sont dans la rue pour accueillir les musiciens. Le silence semble approcher physiquement.

Ils entrent sur la place en file indienne. Leur visage radieux précède les instruments qu’ils portent sur le dos. En quelques instants, comme un ensemble, ils sont prêts, instruments au bras.

L’un d’eux dépose une petite boîte noire sur le sol. Il l’ouvre avec précaution et en sort un tout petit diapason argenté. La foule retient son souffle et le silence devient palpable.
D’une pichenette, l’homme fait sonner son instrument. La seconde qui suit s’empli de musiques. Une pour chacun et pourtant la même pour tous, harmonieuse et apaisante. Le jour se fait dans les yeux, les nuages se dissipent dans les esprits.

Au bout d’un moment qui parait à tous bien trop court, la musique s’éteint. Les musiciens rangent leurs instruments et, en file indienne, quittent la ville dans un silence doux.

Chacun retourne à son échoppe ou à son banc, emportant quelques notes avec lui. Les outils reprennent leur ballet, cette fois accordés. Les moteurs ronronnent. La ville toute entière chante, au moins pour quelques temps. Quand ce sera de nouveau l’heure, les musiciens reviendront.

dimanche 21 juin 2009

Ne pas oublier...

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 18 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
La liste des choses à ne pas oublier. Inclure les objets suivants: gomme, catapulte, cactus, ornithorynque.

Ne pas oublier de ranger ma gomme et mon ornithorynque en peluche,
Ne pas oublier de mettre le réveil,
Ne pas oublier d'arroser mon cactus,
Ne pas oublier d'allumer la veilleuse,
Ne pas oublier de fermer les volets,
Ne pas oublier le bol de fruits pour la fée,
Ne pas oublier de mettre la chaise devant le grand placard,
Ne pas oublier de préparer la catapulte devant le petit placard,
Ne pas oublier de regarder sous le lit,
Ne pas oublier de remonter la couverture jusque sous mon menton,
Ne pas oublier de fermer les yeux très fort,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce froid,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce bruit,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce crissement,
Ne pas oublier que je ne peux pas entendre ce feulement,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir cette odeur de faim,
Ne pas oublier que je ne peux pas sentir ce souffle brûlant,
Ne pas oublier que mes parents m'aiment,
Ne pas oublier que je vais me réveiller demain.

lundi 15 juin 2009

Les magiciens

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 15 juin 2009.

Consigne pour l'écriture :
2 magiciens, l’un possède un véritable pouvoir, l’autre est un prestidigitateur. Ils démontrent leurs talents quand leurs destins se croisent.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu de la scène, sous le feu des projecteurs.

Son costume queue de pie semble jeter des éclairs noirs à chaque mouvement. A chaque geste, l’assemblée croit voir un vol de corbeau autour de lui.

Sans un mot, un sourire énigmatique aux lèvres, il fait frémir l’assemblée en transperçant cette spectatrice d’une immense lame qui la fait hurler de douleur et s’écrouler sur la scène avant qu’elle se relève presque sans chanceler. Les yeux mi-clos, il fait se tordre cet homme bien habillé, le fait se nouer et se plier comme un vulgaire torchon avant de le renvoyer à sa place.

La magie semble durer une éternité.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu du trottoir, dans les phares d’un camion poubelle qui passe sans le voir.

Son vieux pull troué cache mal sa maigreur. Sa tignasse malodorante laisse pourtant voir son regard presque vide.

Il appelle les passants, sans succès. Personne ne s’intéresse à son unique tour. Des années de labeur, des années de sacrifices pour un pauvre artifice. Il garde pourtant tout contre lui, précieusement, un petit pot rempli de terre vierge.

Pauvre hère, il fini par ramper dans une ruelle sombre à l’arrière d’un riche théâtre. Il manque de se faire assommer quand la porte s’ouvre toute volée. Le maître magicien sort, l’air hautin. Il dévisage ce malheureux qui semble vouloir lui montrer quelque chose.

Vaguement amusé, nettement irrité, il baisse le regard vers le petit tas de terreau sur lequel se concentre le loqueteux. Au bout de quelques instants, une toute petite pâquerette fleurit sur les pavés. Elle s’étire, se dévoile et scintille presque dans la pénombre.

D’un coup de talon, l’imposteur en queue de pie disperse le petit miracle et jette : « ça marchera jamais coco, pas assez glamour ».

lundi 4 mai 2009

Tout ce qu'on peut faire en 30 minutes

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 4 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
Tout est dans le titre...

Que faire en une demie heure ?
S'efforcer de ne rien faire.
Faire l'effort de ne pas compter le temps, ce serait trop facile.
Juste contempler le silence et admirer le vide.
Se faire violence pour ne pas se combler de souvenirs.
S'accorder la douceur d'être sans repère, sans point d'attache.
Être simplement une âme sans cible errant le long du temps.
Une demie heure pour pleinement vivre le reste d'une vie.

De quand... la musique

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 4 mai 2009.

Consigne pour l'écriture :
Sur le modèle « les chaussures de quand il fait froid », élaborer un contexte.

La musique de quand je veux voler, c’est Ella, Jimi ou Jacques. Avec ou sans décibels, j’aime ces moments beaux, ces sons-sations, cette impression de perdre pied. Décollage immédiat de la crasse qui alourdit le cœur, allumage des feux de liesse au fond des yeux, navigation à vue de partition

« Ô capitaine mon capitaine, où volons-nous ? »
Qu’importe ! On verra au prochain couplet, au prochain morceau. Qui sait, on volera peut-être jusqu’à la Lune si c’est la musique de quand je serai amoureux...