mardi 28 août 2007

A bout de souffle

Quand le souffle se fait court, c’est la vie qui raccourcit. A vue d’œil elle s’échappe de ce corps si ridé. Pourtant, elle s’accroche désespérément, inspire profondément pour ne pas expirer.

A côté d’elle, je rassemble mes propres forces pour tenter de lui insuffler l’énergie, la volonté. En douceur, je déniche trésors de patience et d’amour pour prolonger l’instant. Je souffle quelques mots doux.

Mais comme la brise d’hiver, l’issue est bien là. Portée par la douleur, aucun mur ne peut l’arrêter. Aucun mot n’arrête le froid.

Alors vient le renoncement. Cet instant qui, je l’espère, l’a rendue si légère qu’elle s’en est envolée vers la paix à laquelle elle aspire. Au bout du souffle, la libération ?

vendredi 10 août 2007

Métempsycose relationnelle

Partir c'est mourir un peu. On ne quitte pas que l’autre, on laisse aussi derrière soi ce que l’on avait investi dans le « nous ». Ces bouts de soi offerts, fusionnés, synergisés. Ce que l’on avait accepté en soi, intégré, ce sur quoi on avait pris l’habitude de s’appuyer.

Cette petite mort conduit à un passage plus ou moins long dans l’intermonde. Un carrefour des possibles. Quel chemin prendre ? Où puiser la force ?

Puis viendra la renaissance, en plusieurs étapes. D’abord seul comme un enfant inconscient de ceux qui l’entourent. Là se reconstruit l’enveloppe la plus bassement physique : le chez-moi, le quotidien, le relationnel.

Ensuite viendra la réincarnation. Revivre dans des yeux, dans une voix, dans un souffle court. Croquer, renaître dans une chair qui s’offre mais qui n’est pas sienne. Puiser dans le soi et dans l’Elle la force de s’envoler vers le nous. S’offrir sans se perdre, en conservant ces particules qui font de nous ce que nous sommes et que l’Autre recherche en nous.

Cette nouvelle vie sera-t-elle aussi éphémère que les précédentes ? Sera-t-elle celle du Nirvāna, l’illumination bouddhique qui fait cesser le cycle des réincarnations ? Choisirai-je ce chemin ? Celui du renoncement des désirs, ou bien celui de la Vie éternelle, ou encore celui des renaissances sans plus de faim ni fin quitte à sombrer dans le recyclage ?