lundi 15 juin 2009

Les magiciens

Texte issu de l’atelier d’écriture de La Houlette (là aussi),
le 15 juin 2009.

Consigne pour l'écriture :
2 magiciens, l’un possède un véritable pouvoir, l’autre est un prestidigitateur. Ils démontrent leurs talents quand leurs destins se croisent.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu de la scène, sous le feu des projecteurs.

Son costume queue de pie semble jeter des éclairs noirs à chaque mouvement. A chaque geste, l’assemblée croit voir un vol de corbeau autour de lui.

Sans un mot, un sourire énigmatique aux lèvres, il fait frémir l’assemblée en transperçant cette spectatrice d’une immense lame qui la fait hurler de douleur et s’écrouler sur la scène avant qu’elle se relève presque sans chanceler. Les yeux mi-clos, il fait se tordre cet homme bien habillé, le fait se nouer et se plier comme un vulgaire torchon avant de le renvoyer à sa place.

La magie semble durer une éternité.

Le brouhaha enfle jusqu’à emplir l’obscurité. L’attente se fait pressante. Soudain dans un éclair elle prend fin ! Il apparaît au milieu du trottoir, dans les phares d’un camion poubelle qui passe sans le voir.

Son vieux pull troué cache mal sa maigreur. Sa tignasse malodorante laisse pourtant voir son regard presque vide.

Il appelle les passants, sans succès. Personne ne s’intéresse à son unique tour. Des années de labeur, des années de sacrifices pour un pauvre artifice. Il garde pourtant tout contre lui, précieusement, un petit pot rempli de terre vierge.

Pauvre hère, il fini par ramper dans une ruelle sombre à l’arrière d’un riche théâtre. Il manque de se faire assommer quand la porte s’ouvre toute volée. Le maître magicien sort, l’air hautin. Il dévisage ce malheureux qui semble vouloir lui montrer quelque chose.

Vaguement amusé, nettement irrité, il baisse le regard vers le petit tas de terreau sur lequel se concentre le loqueteux. Au bout de quelques instants, une toute petite pâquerette fleurit sur les pavés. Elle s’étire, se dévoile et scintille presque dans la pénombre.

D’un coup de talon, l’imposteur en queue de pie disperse le petit miracle et jette : « ça marchera jamais coco, pas assez glamour ».

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