vendredi 30 mars 2007
Le printemps de l’autoroute A4
Je ne parle pas non plus des usagers. Je crois qu’il faut dire « non » à l’acharnement thérapeutique. Quand le cerveau est mort, quand il ne reste de quelqu’un qu’une maigre manifestation corporelle, il faut débrancher.
Je pense aux formes de vie qui poussent autour. L’A4 a la chance de ce côté-là. Il y a d’abord les arbres à vent. Magnifiques, élancés, ils soufflent leur brise délicate pour chasser les nuages.
Une autre forêt se développe aussi. Tout près des arbres à vents, d’ailleurs. Ceux-là font un peu peur par contre. Gris. Décharnés. Nus.
Ils sortent de terre en file indienne. Ils sont larges et trapus, ou hauts et maigres. Ces derniers jours, ils semblent se passer le mot toute la journée. Au point qu’on arrive à suivre le fil de leur conversation tout au long du trajet.
Je me demande quel genre de fruits ils font. Je les imagine brillants, insaisissables, fugitifs. A la fois nourrissants pour nos petits compagnons électroniques et destructeurs pour les chanteurs adeptes du bain. Un remake du fruit interdit, en quelque sorte. Eve apportant la pomme électrique à Adam : « Vois mon cher, goûte le fruit de la connaissance à Très Haute Tension. » Et Adam de répondre : « Merci très chère, j’en avais besoin pour ma nouvelle invention : l’écran cathodique ».
En attendant de réfléchir plus avant sur cet épisode biblique, je me demande si notre confort mérite de laisser pousser de si vilains arbres le long de nos si vilaines autoroutes...
lundi 26 mars 2007
L'ascension de l'armoire Ikea par la face Nord
Nous trouvons la guide à l'endroit prévu. Elle porte le costume folklorique traditionnel. Elle nous délivre les documents nécessaires pour la suite du périple. Nous progressons.
Nous voici au point de chargement. Nous avions prévu un véhicule un peu petit, mais l'ingéniosité nous apporte toujours une solution. Le convoi s'ébranle.
Nous touchons au but et devons abandonner notre véhicule. C'est à dos d'homme que nous charrierons nos paquets. Quelques ahanements plus tard, nous sommes à pied d'oeuvre, piolets, crampons et surtout carte en main.
C'est une carte à base de symboles universels. Notre expérience de ce type de voyage nous permet d'en déchiffrer le sens rapidement. C'est là que commence l'ascension proprement dite...
La carte est excellente, aussi le chemin est facile malgré la pente. Nous décidons cependant de nous arrêter à mi-chemin pour bivouaquer. Le reste du chemin ne sera pas de tout repos.
Dimanche. Le jour (décalé) se lève à peine que ma compagne est prête, d'attaque. Nous repartons.
Les courbatures de la veille n'entament pas notre détermination. Les quelques blessures infligées par les rochers malicieux non plus. Encordés l’un avec l’autre, nous nous soutenons et les falaises nous semblent plus petites.
Pause déjeuner. Au loin, nous commençons à deviner notre but ultime. Regonflés, nous repartons pour la dernière ligne droite de l'ascension : Les Portes de Verre. Nous jetons nos dernières forces dans la bataille. Le combat est rude. Intense. Sans retour.
Soudain, à travers les larmes de sueur, voici qu'apparaît le sommet ! Nous sommes éblouis par tant de beauté et tant d’espace. A nos pieds, un parquet immense sans le moindre tas qui traîne. Là, au coin, pas la moindre pile de bazar. La chambre est rangée, pacifiée. Leslégendes avaient tort : à deux, monter une armoire Ikea ce n’est pas une affaire de Dieu...
mardi 20 mars 2007
Route d’hiver (le retour)
Bon, la porte de la boîte n’a même pas le temps de se refermer que je saute déjà dans la voiture. Il faut dire qu’il pleut à torrents ou, comme dirait un anglais, il pleut de chiens et des chats. Un geek dirait il pleut à P2P.
Voici la voie rapide. De quoi se mettre dans le bain, en quelque sorte. De quoi évacuer quelques pensées de boulot. Des coups de fil. Des projets. Des trucs à faire demain.
La pluie fait un rafut incroyable sur la carrosserie. Je décide de fermer le robinet de la radio. On entend plus que les gouttes d’eau sur le pare brise, le toit, les fenêtres. Les rafales de pluie, plutôt. Presque des paquets de mer. Mais là j’exagère. Quoique. Il y a tellement de vent, tellement de pluie qu'on dirait que l'eau remonte la pente. Et pourtant je n'ai rien bu. Juré votre honneur ! Rien fumé. Rien sniffé. Trop bossé, peut être. Soit. Roulons.
NB :
Ce post étant largement en retard sur son planning de publication, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour tout décalage entre le temps qu’il fait ces jours-ci (pourri-bof) et le temps décrit ci-dessus. Promis, je bloguerai plus régulièrement.